Le second plus vieux métier du monde: Les origines du transformisme

par Laura Walton (de L D Fashions)
Traduction de Michèle-Anne Roncières

[Nota: dans cet article plein d'humour, Laura Walton essaye d'établir les origines des modernes "female impersonators" qui se produisent en spectacle notamment pour imiter telle ou telle célébrité féminine. J'ai traduit cela par "transformisme", qui est le mot français s'en rapprochant le plus. En tout état de cause, il ne s'agit pas d'un article sur l'origine du travestisme en tant que tel...]

Il était une fois un homme des cavernes nommé Oscar. Oscar n'était pas comme les autres hommes des cavernes. Il était plus petit et avait des pommettes inhabituellement hautes. Il était aussi tr&eagrave;s calme et détestait les sports. Chaque nuit que les autres hommes des cavernes s'assemblaient autour du feu pour grogner haut et fort en essayant de mettre au point un langage, Oscar au contraire cherchait un coin tranquille et dessinait des plans pour décorer la caverne de ses rêves.

Oscar adorait la décoration d'intérieur, mais l'opportunité d'accomplir son rêve lui faisait défaut. A cause des conditions économiques de cette époque, le seul travail qu'on pouvait trouver était de pister et de tuer de gros animaux malpropres et puants. Cela ne l'attirait pas du tout. Sa vie était comme une perpétuelle migraine, jusqu'è ce qu'il fasse la découverte qui devait changer l'humanité.

Oscar remarqua que le décor de certaines cavernes de femmes était tout sauf négligé. Au contraire des autres, ces cavernes étaient cossues; les femmes ne portaient jamais d'eau sur leur tête, ni n'usaient leurs dents è attendrir le cuir, et ne servaient même pas aux sacrifices humains. En fait, elles semblaient ne pas fournir de vrai travail du tout. Leurs jours s'écoulaient è se se tresser les unes les autres les poils des jambes et è émettre de petits grognements. Ces femmes savaient quelque chose qu'il ignorait.

Oscar décida de s'emparer du secret. Et donc, une nuit, Oscar suivit Sheila, dont la caverne se situait dans le Cro-Magnon Est, è une intersection non loin du feu de camp principal. Bientôt, un homme des cavernes appelé Dung apparut. Il avait une large besace, pleine de débris d'animaux, de cailloux luisants et une cruche avec du feu dedans. Apr&eagrave;s un échange de grognements, Dung donna è Sheila un léger coup de gourdin sur le côté de la tête puis la porta, ainsi que le sac, è sa caverne.

Oscar avait déjè vu un tel "coup du gourdin" avant, mais n'avait jamais essayé lui-même, trouvant cela un peu "gonflé". Cependant, il pensa avantageux de passer la nuit en dehors de la caverne de Sheila, ce qu'il fit. Peu de temps apr&eagrave;s que fut apparue cette chose ronde et brillante dans le ciel, Oscar entendit du bruit et vit Dung se faufilant hors de la caverne. Il y a des moments dans l'Histoire où un éclair de compréhension illumine un homme et le pousse è des inventions qui changent le monde. Ce ne fut pas l'un de ces moments. Toutefois, Oscar avait appris le secret de la prospérité de Sheila. Dung avait quitté la caverne sans son sac de pillage néanderthalien. Quelle leçon: il était apparemment possible de devenir riche en laissant les gars vous assommer un peu d'un coup sur la calebasse! Pas tr&eagrave;s plaisant, mais infiniment préférable è être piétiné par un mastodonte.

Et ainsi Oscar se prépara è sa nouvelle carri&eagrave;re. Il passa des semaines è se faire des tresses avec les poils des jambes et è coudre ses plus belles peaux. Il avait aussi rassemblé des plumes pour en faire une coiffure recherchée (Ceci, incidemment, fut l'un des moments où le monde changea. Sans s'en douter, Oscar avait lancé la plus millénaire des industries féminines).

Oscar était prêt, et il marcha è travers le village, portant sa nouvelle parure. Sheila et quelques un des ses amis l'observ&eagrave;rent avec envie comme il tournait sa tête couverte de plumes dans leur direction. Ce fut alors que Sheila inventa le premier véritable mot du langage humain, qui fut "Pute". Oscar garda le sourire et secoua ses tresses aux jambes. Bientôt il vit Dung courant vers lui avec un énorme sac, hurlant comme un possédé. Dung était si excité par la nouvelle apparence d'Oscar qu'il en sauta les petits grognements. Agitant le sac en l'air, Dung ajusta son gourdin et assomma Oscar tout net.

A ce point, notre histoire devient triste pour le malheureux Oscar. Celui-ci n'avait pas la moindre idée de ce que Dung avait è l'esprit è son sujet une fois dans la caverne. Il auraît du consacrer un peu plus de temps è ses recherches, pour apprendre ce qui plaît vraiment aux gars. Et Dung en voulait plus pour son argent qu'une soirée de grognements sur la décoration des intérieurs. Il s'aperçut bientôt qu'Oscar ne pouvait pas donner les douceurs qu'il avait fait miroiter, et ce type un peu obtus réagit négativement.

Le corps d'Oscar fut trouvé le lendemain sur un tas de cailloux étincelants. Le rapport officiel prétend qu'il a été écrasé par une charge de Mastodontes et traîné sur plusieurs kilom&eagrave;tres. En tant que tr&eagrave;s importante découverte dans l'histoire de l'humanité, ce faux départ ne marque pas la fin du transformisme.

Oscar était un précurseur. Ce ne fut qu'avec l'invention de l'alcool et des cabarets que cet art acquit son plein potentiel. Et sa désignation de transformisme lui fut donnée en l'honneur de la façon dont mourut Oscar.

Laura Walton

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