Si tu peux t'émouvoir aux sources de la Vie, |
Et sans t'en offusquer la laisser s'épanouir, |
Ou lui répondre enfin sans te croire asservie, |
Et n'y trouver jamais que de quoi te réjouir; |
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Si tu ne peux aimer qu'amoureuse éperdue, |
Et si pour toi l'Amour n'est rien sans la Constance; |
Si tu le sais garder d'une fin attendue, |
Sans imiter tes soeurs et suivre leur errance; |
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Si tu peux chaque jour prononcer des paroles |
Pures comme un diamant et fraîches comme l'eau, |
Celles qui inspirent et celles qui consolent, |
Sans être moins sincère à ton tout dernier mot; |
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Si tu peux rester simple en montrant ta beauté; |
Si tu peux rester noble en vivant parmi nous, |
Déployant ton esprit, prodiguant ta bonté |
Sans vouloir éblouïr, sans faire de jaloux; |
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Si tu sais ressentir, apaiser, compatir, |
Sans jamais être dure, injuste ou bien méchante; |
Sympathiser toujours sans vouloir convertir, |
Consacrer à chaque âme une pensée touchante; |
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Si tu peux être ferme et non pas obstinée, |
Si tu peux être aimable et non pas complaisante, |
Renoncer sans regrets au vaines destinées, |
Et cultiver ton être en restant bienfaisante; |
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Si tu sais renoncer à ces puérils désirs |
Qu'on sème dans sa vie comme un poison diffus; |
Et si tu peux lutter, sans haine et sans plaisir, |
Pour déclarer la Paix quand le danger n'est plus; |
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Alors tous en ce monde et les derniers des Hommes |
Viendront te délivrer de leur pesant mépris; |
Et, ce qui vaut bien mieux que le Monde et les Hommes, |
Tu seras une Trav, à l'avenir, mon Fils. |