Comment je me suis mariée

par Michèle Anne Roncières

Première Partie


NOTA: Le tout-début de cette histoire manque. En effet, le fichier a été endommagé lors de l'incendie de Xoom.it, qui ne faisait pas de sauvegardes... Sachez donc que Michèle-Anne rencontre un de ses amis d'enfance, qui lui fait part de son prochain mariage... ce qui lui cause bien des soucis...

[...] nous fussions tous les deux confortablement installés.

- "Marie Odile... T'ai-je déjà parlé de Marie-Odile de Frémont-Beauchicourt ? C'est elle que je dois épouser... "

- "Oui ", fis-je, " je suis au courant... Continue, je t'en prie! "

- "Eh bien... ", reprit-il douloureusement, " Marie-Odile... Il lui est arrivé un léger accident ce matin.... "

- "Quoi donc ? "

- "Ces escaliers de marbre... Tu sais... Ils sont affreusement glissants... " Il toussota. " Elle a dévalé tout le grand escalier sans pouvoir s'arrêter... Elle s'est cassée la jambe gauche, la cheville droite, le coccyx et s'est démis une épaule, je ne sais plus laquelle... "

"Mon Dieu ! ", m'écriai-je: " Mais... dans ces conditions vous ne pouvez plus vous marier ? "

Il se racla encore une fois la gorge et se cala dans son fauteuil:

- "Justement... C'est bien le problème...Vois-tu... nous avons loué ce château pour aujourd'hui et demain... invité Mille Cinq Cents personnes, parmi lesquelles les plus grands noms de France... Le service sera assuré par la Tour d'Argent... Le ConcertGebow d'Amsterdam jouera pendant la cérémonie ... La Télévision sera là... Et j'en passe... "

Derrière son sourire figé, je sentis comme une profonde détresse:

- "Vous n'avez rien annulé ? Vous n'avez rien dit ? "

- "Impossible, mon cher, tu peux le comprendre. Nous ne sommes qu'une petite dizaine à être au courant: Nos parents, bien sûr, moi, et l'équipe de chez Givendiorel qui travaille à la robe de Marie-Odile... "

- "Mais comment allez-vous faire, si ta fiancée ne peut même pas se déplacer ? "

- "Elle ne peut pas parler, non plus; et elle n'y voit que d'un oeil, à cause des bandages: " fit-il, soucieux de précision.

- "Alors, que vas-tu faire ? "

Il se tourna vers moi, me regarda droit dans les yeux, et me dit:

- "Michel: Toi seul peut m'aider. "

- "Moi ? Mais comment ? "

- "Tu te souviens, quand nous étions ensemble chez les scouts ? "

Je me souvenais. En avions-nous passé des journées à des jeux de plein air, des soirées de feux de camp, où nous avions oublié jusqu'à nos familles et où nous étions devenus des frères authentiques, des frères de naissance.... Je pensai que Daniel voulait m'apitoyer:

- "Oui, je me souviens, mais qu'est-ce que... ? "

- "Tu te souviens de la fois où je devais porter un message pour la cheftaine, et où je suis entré dans sa tente ? "

Cette fois ça y était: comment avais-je pu oublier ça ? Il était tellement beau, l'uniforme des filles, avec la jupe bleue, comparée à nos shorts ridicules... J'avais profité d'une absence de la cheftaine pour l'essayer, et Daniel m'avait surpris ainsi, dans cette tenue. Comme toujours, il avait été parfait, faisant semblant de ne pas me reconnaître, et murmurant un " excusez-moi, je me suis trompé de tente "

- "Tu m'avais reconnu, alors ? "

Il sourit:

- "Pas tout de suite... Je n'ai rien dit, tu sais: Personne n'aurait rien su si tu n'avais pas passé une journée chez les Eclaireuses par la suite, et si tu ne t'y étais pas fait prendre... Comment t'étais tu fait appeler ? Michèle Anne, c'est ça ? Là, tu avais un peu abusé ! "

- "D'accord...Mais qu'est-ce que ça à voir avec aujourd'hui ? "

Il soupira en voyant que je me refusais à deviner.

- "Michel: s'il te plaît, prends la place de Marie-Odile, le temps des festivités... Il n'y a qu'à toi que je peux demander ça ! "

Je demeurai stupéfait:

- "Pardon ? Ah mais non, Daniel, c'est impossible ! Je ne touche plus à ça, maintenant, tu sais! je me suis fait soigner, j'ai eu ma dose d'électrochocs et maintenant je suis tout à fait normal, tout à fait ! c'est à peine si je mets un soutien-gorge de temps en temps ! Et encore un tout petit, et sans la moindre dentelle, et sans bretelles non plus: juste un bandeau ! Ou alors un collant, juste un collant en plus du soutien-gorge, pas de bas et de porte-jarretelles ou tous ces trucs, hein, seulement un collant, c'est tout ! "

Daniel n'avait pas prévu mon affolement; on voyait bien que ce n'était pas lui qui avait été "rééduqué " par une équipe de thérapeutes de chocs... Des années après, j'en faisais encore des cauchemars terrifiants. Je le vis s'effondrer pour de bon:

- "Jean... Si ce mariage n'a pas lieu, c'est la fin... pour ma famille, pour moi... Tu ne veux pas cela, n'est-ce pas ? "

Je me calmai:

- "Mais enfin, Daniel... Tu ne te rends pas compte: me faire passer pour ta fiancée, le jour de ton mariage et devant Mille Cinq Cents personnes ! "

Voyant que mon refus se dissipait, Daniel reprit de l'assurance:

- "Ecoute... Durant cette semaine, nous aurons tous des costumes du XVIII° siècle... Tu aurais dû avoir le tien, toi aussi... J'avais prévu pour toi un superbe costume de Marquis... Mais les robes de cette époque, je te prie de croire que ça te change un homme ! Sans compter que ma fiancée, elle aura son voile, puis le chapeau, tout ce qui peut tranformer une apparence... "

- "Mais... Est-ce que je lui ressemble, au moins ? "

- "Eh bien... Tu ressembles plus maintenant à ce que j'aurais aimé qu'elle soit avant son accident qu'elle ne se ressemble elle-même aujourd'hui, ça je peux te le jurer ! "

Renonçant à débrouiller cette phrase énigmatique, je regardai longuement Daniel, ses yeux inquiets... et je me laissai fléchir:

- "Bon... Si tu es certain que ça peut marcher... si ça peut te rendre service... et si ça reste entre nous, alors... pourquoi pas ?

Daniel se leva, et me fit me mettre debout pour me donner l'accolade virile qui était chez lui lecomble de la familiarité:

- "Michel.. Tu me sauves la vie ! Allons chez Marie-Odile, lui annoncer la bonne nouvelle ! "

Il était déjà à la porte quand je l'appelai:

- "Daniel... Il n'y a qu'une chose qui me chiffonne un peu... "

- "Quoi donc ? ",fit-il, un peu inquiet, le sourcil relevé.

- "Etre obligé de me faire appeler " Marie-Odile "...Ca ne me tente pas énormément ! "

Soulagé, il sourit à nouveau:

- "Nous avons tous notre lot de petits tourments à endurer... "

Michèle Anne Roncières, auteur et propriétaire de ce texte, s'en réserve, sauf accord express de sa part, tous les droits pour tous les pays et notamment en ce qui concerne les modifications ou la réécriture, totale ou partielle, ainsi que pour toutes les formes de diffusion et d'exploitation

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