Comment j'ai vendu mon âme au Diable

par Michèle Anne Roncières


A Myriane Milroche, avec amitié.

On me demande souvent où je trouve mes idées d'histoires, comment je me suis fait le style que vous me connaissez, etc... Ma foi, tout ceci résulte d'une histoire assez incroyable, que je me suis décidée à vous raconter ci-dessous...

Elle me plaisait bien cette fille assise là, devant moi, sur la banquette du métro... Entendez par là que je la trouvais fort belle, et que j'aurais bien voulu être à sa place. Elle avait bien quelque chose en plus qui m'intriguait, mis à part son air désespéré, mais je n'arrivais pas à savoir quoi: j'avais l'impression de l'avoir déjà rencontrée, ou, mieux, de la connaître depuis longtemps, sans l'avoir jamais vue.

Je faisais semblant de regarder à l'extérieur de la rame, pour ne pas paraître trop curieux et ne pas la gêner, mais, en réalité, je ne perdais pas des yeux son reflet dans la vitre. Je la vis donc plusieurs fois m'observer, moi aussi, discrètement d'abord, puis avec un air de surprise et un intérêt certain. J'étais flatté et très surpris, car il ne me semblait pas avoir jamais suscité, chez aucune femme, plus qu'une vertigineuse indifférence. Elle réprima même un petit rire, vite dissimulé dans la paume de sa main, que j'attribuai à l'ivresse des femmes qui sesavent secrètement admirées. Mais, presque aussitôt, elle se tourna vers moi et me déclara, à ma grande surprise:

-"Eh bien, mon vieux Michel ? Tu ne me reconnais pas, bien entendu ?"

C'était donc ça: je connaissais réellement cette femme, et même au point de la tutoyer... Mais de qui pouvait-il bien s'agir ? Je n'avais pas, comme les autres, à rechercher dans une interminable liste de conquêtes féminines: la mienne était absolument vide... Solitaire, et assez peu sociable, c'était à peine si je connaissais deux ou trois femmes, qui étaient toutes des relations de travail, puisque je les employais à moncabinet d'avocat; et même mes deux voisines, pourtant célibataires, m'étaient tout à fait inconnues.

-"Excusez-moi... enfin, excuse-moi, mais...".

Pris d'inspiration, je fouillai mes souvenirs, à la rubrique des camarades de Lycée... Toutes m'apparurent les unes après les autres, telles que je les avais quittées vingt ans plus tôt, dont quelques-unes avec le goût amer du regret et de la fatalité. Mais elle n'en faisait pas partie.

Elle éclata franchement de rire, cette fois, d'un rire chantant et gai, se pencha vers moi, et m'annonça avec une moue délicieusement féminine:

-"Autrefois, je m'appelais Albert..."

Ce fut une révélation: Albert, mon vieil ami, mon vieux camarade, mon vieux copain, avec lequel j'avais tout partagé depuis l'Ecole Primaire, depuis les billes jusqu'aux punitions... On nous appelait "Les inséparables", tant nous passions de temps ensemble, dans la cour et dans les classes, voisinsdu même banc... Nous partagions cette même aversion pour les jeux brutaux et les exploits stupides tant prisés du groupe de garçons que constituait notre petite classe de campagne... Et le jour où, en Classe de neige, nous avions quitté les autres pour faire de la luge sur une piste plus à notre goût... Quel savon nous avait-on passé... C'était Albert qui avait insistépour y aller, mais j'avais prétendu que, à la traîne derrière tout lemonde, nous nous étions trompés de chemin... mensonge, sans lequel, déjà endélicatesse avec la discipline, il eût été exclu de l'école pour quelquesjours, voire plusieurs semaines... Je lui avais souvent sauvé la mise, et même pendant notre service militaire... Et puis, après, de retour à la viecivile, nous avions choisi des études incompatibles, des métiers différents qui nous avaient éloignés l'un de l'autre, jusqu'à nous perdre totalement de vue...

Je le reconnus aussitôt, sous les traits de celle qui eût pu être sa soeur jumelle.

-"Albert ? Mais... que fais-tu habillé comme ça ? Tu vas faire une blague ?"

-"Mais non !" fit Albert, presque dans un sursaut d'indignation. Et il ajouta fièrement:"Je suis vraiment une femme, aujourd'hui !"

Je tombai des nues, mais Albert ne me laissa pas le temps de me remettre de ma chute:

"Je m'appelle Marion !", dit-elle avec un sourire.

Après un temps, je récupérai mes esprits:

-"Tu veux dire... que tu ... que tu as changé de sexe ? Vraiment ?"

-"Voilà... c'est exactement ça !", fit-elle simplement.

Je ne savais réellement que dire. Je n'en revenais pas que quelqu'un que j'avais connu d'aussi près ait pu franchir le pas, et sans même que je me sois jamais douté que ce fut sans doute là son voeu le plus cher... Je ne pus m'empêcher de remarquer:

-"Eh bien... voilà ce qu'on peut appeler du spectaculaire! Mais... on m'a dit que c'était très dur ?"

Marion reprit un sourire triste:

-"Pas dans mon cas..."

-"Ah bon ?" m'étonnai-je. "Comment cela ? Tu n'as pas été opérée ?"

-"Non ! Tu sais, passer sur le billard... avec toutes les interventions annexes de chirurgie esthétique et plastique... sans compter les complications administratives... non merci, très peu pour moi ! Mais j'ai quand même changé de sexe ! J'ai trouvé un moyen beaucoup plus sûr, beaucoup plus efficace, voilà tout."

-"Lequel ?

Marion se leva et vint s'asseoir juste à côté de moi.

-"Tu sais garder un secret ? Tu ne te moqueras pas de moi ?"

-"Bien sûr, voyons ! Comment peux-tu penser une chose pareille ?", m'indignai-je.

Elle se pencha et me murmura à l'oreille:

-"J'ai vendu mon âme au Diable..."

-"Pardon ?", fis-je, aussi surpris qu'on peut l'être.

-"Tu as bien entendu: contre cette légère amélioration de mon apparence physique et la régularisation de toute ma paperasserie en conséquence, j'aifait appel au Diable, comme dans les contes de notre enfance..."

Je n'arrivais pas à croire ce que j'entendais:

-"Tu as signé un parchemin avec ton sang, ce genre de chose ?",chuchotai-je moi-même.

-"Ben oui... le Pacte classique, quoi..."

Venant de n'importe quelle autre personne, j'aurais pensé qu'elle se payait ma tête. Mais Marion était absolument sérieuse, totalement sincère... Cetteirruption imprévue du Diable dans notre conversation, dans la vie quotidienne, au détour d'une rencontre, faisait chavirer le monde auquel j'étais habitué et m'empêchait d'y retrouver mes repères de pensée. Puis,considérant la tristesse pesante de mon amie, j'eus soudain une douloureuse illumination:

-"Mais alors... tu es..."

-"Damnée ? Non, pas encore... Tu sais, ce genre de pacte est passé pour un an... Une année pendant laquelle j'ai eu tout ce que j'ai toujours désiré,et au bout de laquelle il va tout reprendre et me précipiter avec lui dans les ténèbres infernales... Au début, je me disais que je trouverais bienquelque chose pour y échapper à la dernière minute, toujours comme dans les contes... Tu te souviens de l'histoire du Connétable de Lesguidières, ou de celle du Pont du Diable... mais rien n'a surgi de mon imagination, comme rendue stérile par la terrible échéance... Et je n'ai plus que jusqu'à demain soir... Oh, ça valait la peine, tu sais, je ne regrette rien... Mêmeles plus atroces tourments ne pourront m'ôter les joies que j'ai vécues,d'avoir enfin été moi-même... si tu savais... Déjà quand nous étions enclasse..."

Je ne la laissai pas s'étendre sur le passé: comme jadis, j'avais déjà fait mienne son histoire et m'apprêtais à lutter avec elle, voire à combattre à sa place:

-"Ce n'est pas possible, ce n'est pas possible...", répétais-je, obsédé par le sort de mon amie. "Il doit bien y avoir une solution..."

-"Oui, il y en a une, bien sûr..." finit-elle par avouer. "Mais ce n'est pas la peine d'en parler."

-"Pourquoi ?"

-"Il faudrait... il faudrait que je trouve une âme qui veuille bien prendre ma place... et qui subirait le même sort un an plus tard... Tu vois qu'il vaut mieux oublier cela ! Oh Michel, comme je suis heureuse de t'avoir rencontré, de t'avoir revu avant de disparaître.... Tu te souviens, comme tu me tirais toujours d'affaire, autrefois ? Hélas, tu ne peux plus rien pour moi cette fois-ci..."

Je réfléchissais à toute vitesse, et il me vint une idée proprement...diabolique !

-"Ce n'est pas dit..." murmurè-je posément.

-"Comment ? Que dis-tu ?

-"Je dis: Ne t'en fais plus, Marion, c'est moi qui vais prendre ta place."

Elle me regarda avec stupeur:

-"Tu ferais ça ? Mais tu es complètement fou ! Non, je ne peux pas accepter ça! Je ne te laisserai pas faire !"

-"Mais si", insistai-je. "Je me sacrifie volontiers, je t'assure... Et d'ailleurs rassure-toi, je ne risque absolument rien, je te le jure surtout ce que j'ai de plus sacré..."

Marion me connaissait suffisamment pour savoir que j'avais mon idée et qu'elle pouvait me faire confiance. Elle se jeta dans mes bras et nous demeurâmes longtemps ainsi, figés dans l'émotion, au point que nous ne descendîmes qu'au terminus, ayant tout oublié de nos destinations primitives.

-"Quand est-ce que cela doit avoir lieu ?" lui demandai-je, une fois sur le quai.

-"Demain soir, chez moi." répondit-elle. "Je te donne l'adresse..."

Elle écrivit quelques mots sur un bout de papier tiré de son sac et qu'elle fourra dans ma poche. Nous nous donnâmes rendez-vous pour le lendemain soir, samedi, dans l'excitation, elle du soulagement,et moi de l'attente.

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J'étais en avance au rendez-vous... La rencontre devait alors lieu à minuit, comme il se doit, mais je me présentai avec une heure d'avance. Marion habitait un immeuble ordinaire, dont il me fallut grimper sept étages, l'ascenseur étant en panne, pour arriver sur le bon palier. Une carte de visite sur une porte indiquait là où je devais sonner.Elle m'accueillit avec force effusions:

-"J'avais un peu peur que tu ne viennes pas", me dit-elle. "Je ne t'en aurais pas voulu pour autant, tu sais. Tu es sûr de ce que tu fais ?"

-"Absolument sûr... D'ailleurs, j'ai promis... Et puis, voir le Diable en personne, ça ne se manque pas", plaisantai-je: "on a si souvent affaire à ses subalternes, en ce monde..."

-"J'espère que tu n'es pas trop impressionnable", me dit Marion, qui restait obstinément sérieuse. "C'est qu'il y a toute une cérémonie..."

Elle me fit pénétrer dans l'appartement, et me conduisit au fond, dans une petite pièce qui avait sans nul doute été spécialement aménagée pourl'arrivée de notre fameux visiteur: il y avait des pentagrammes partout,avec une multitude de bougies noires, qui projetaient une lueur vacillantesur des murs ornés de symboles inconnus et plus que mystérieux... Jem'attendais presque à trouver dans un recoin quelque autel avec, ligotédessus, un animal à sacrifier séance tenante !

-"Est-ce que tout cela est bien nécessaire ?" demandai-je, sans pouvoir retenir un petit frisson.

-"C'est le minimum !" protesta Marion. "Tous les ouvrages sont d'accord là-dessus. Et d'ailleurs, c'est comme ça que je l'ai fait venir la dernière fois...", assura-t'elle le plus doctement du monde.

Je m'inclinai. L'Occultisme m'avait toujours paru outrageusement plein de raffinements surrannés, mais je n'avais nulle envie de m'engager dans une bataille de Sorcellerie Théorique, préférant me concentrer sur la tâche àvenir, pour laquelle je devais être en pleine possession de mes moyens.C'était un peu comme au Tribunal devant lequel je plaidais tous les Jeudis,sauf que l'enjeu était incomparablement plus important...

Marion me présenta longuement les détails du rituel qu'elle allait opérer, afin que je ne fusse pas surpris par le déroulement de la cérémonie. Puis,enfin ,elle dit:

-"Je crois que nous pouvons y aller."

Après mon muet acquiescement, elle ouvrit un gros livre aux feuilles jaunies par le temps, et se mit à marmonner des formules incompréhensibles.J'aurais dû éclater de rire, et pourtant, pressentant ce qui allait arriver, pénétré de l'ambiance trouble et angoissante qui s'épaississait deminute en minute, je suivais avec fascination le mouvement continu de ses lèvres.

Et soudain, dans un fracas de tonnerre, surgissant d'un nuage de fumée âcre et qui sentait le soufre, il apparut. Oh, il n'avait pas l'air bien redoutable: on eût dit un homme comme un autre, n'eût été son regard inquiètant.

A vrai dire, ce n'était pas le Diable en personne: vous imaginez bien qu'avec tout ce qui se passe sur Terre, il n'aurait jamais le temps, même avec ses capacités, de s'occuper de tout personnellement! Cependant, ilavait bien voulu nous déléguer, eu considéré à l'importance de la collected'une âme, un de ses proches collaborateurs, et d'un rang non négligeable,comme l'indiquait le badge qu'il portait à la poche de son veston. De toute manière, il avait bien droit au titre de Diable, et c'était là l'essentiel.

Il secoua négligemment la poussière qui était retombée sur son habit, nous salua fort poliment, et sortit un rouleau de parchemin de sa poche intérieure:

-"Vous reconnaissez ceci, je pense ?" demanda-t'il à Marion en le déroulant, et en mettant sur la signature, qui semblait faite à l'encre rouge, un doigt passablement crochu.

-"Je le reconnais.", fit-elle calmement.

-"Bien, bien..." fit-il à son tour, en se frottant les mains. "Je suppose que vous savez ce qui vous attend, maintenant... Etes-vous prête à me suivre ?"

-"Non, justement...", toussota Marion. "J'ai trouvé... un remplaçant.", ajouta-t'elle en me désignant de la main.

Le pauvre Diable roula des yeux effarés:

-"Un remplaçant ? Vous avez trouvé un remplaçant ? Quelqu'un d'assez fou pour reprendre votre contrat ?"

Je jugeai bon de confirmer:

-"Oui, c'est vrai: moi !"

-"Vous savez qu'en faisant cela, vous permettez, certes, à votre amie de vivre définitivement sous l'apparence qu'elle a choisie, mais que vous irez en enfer à sa place à l'expiration du nouveau terme?"

-"Oui", fis-je, "je le sais. Mais puisqu'il s'agit d'un pacte de même nature, constituant ce que nous autres juristes nous appelons une novation, je peux moi aussi vous demander de me donner l'apparence et le sexe que je désire, ainsi que tous les arrangements qui en découlent ?"

-"Certainement", fit-il en grand seigneur, "vous le pouvez.... Je ne suis pas très regardant pour cela, pourvu que votre âme finisse par me revenir... Car vous comprendrez que je ne puis vous laisser, comme à votre amie, la possibilité de m'en refiler une autre à la place... Cela finirait par se savoir et, je vous connais, vous les humains, ça n'en finirait plus."

-"Je comprends très bien", approuvai-je à mon tour.

-"Bien... Dans ces conditions... ", fit-il en haussant les épaules.

Il souffla sur le parchemin de Marion, qui se mit à brûler et tomba en cendres sur le sol. Simultanément, apparut dans son autre main un parchemin tout neuf, qui devait me concerner de près...

"Alors ? Quelles sont vos exigences ?", me demanda-t'il.

-"Eh bien voilà... Je désire donc pour l'avenir être, sous le nom de Michèle-Anne Roncières, une femme d'une grande beauté, d'une parfaite distinction et intelligence, nantie de tous les talents, dotée d'une grande fortune, et qui rencontrera pour son bonheur le plus complet la plus parfaite des âmes soeurs, sera entourée d'une myriade de fidèles et doucesamies, et qui..." (Ceci n'est qu'un court aperçu de ce que je formulai àcet instant). "Ah oui, j'oubliais: pour mes petits travaux littéraires, jedésire aussi être douée d'une imagination fertile, du don des conteurs et d'un style sans reproches. "

Je dois dire que le Diable en resta sidéré sur le moment, et qu'il se mordit légèrement les lèvres... Il ne pouvait cependant se dédire de sa parole:

-"Mais comment donc ma chère... ", bougonna-t'il quand j'en eus fini.

"Voulez-vous signer ici ?" fit-il en me tendant la plume d'oie (que je devais me plonger dans une veine) et en m'indiquant le bas du parchemin, qui, reproduisant la longue liste de mes menus désirs, avait quadruplé de volume.

Je m'exécutai bien volontiers.

Satisfait, il fit un geste et ... pouf ! Je me retrouvai dans la peau de celle que je suis aujourd'hui, sous les yeux fraternels de Marion. Ce n'était pas que je n'avais pas totalement confiance, mais, par précaution,et sous l'oeil courroucé du Diable, je regardai mes papiers d'identité: tous étaient désormais au nom de Michèle-Anne Roncières...

-"J'ai oublié de vous dire", fit le Diable: "Vous ne disposez pas d'un an, mais seulement de vingt-quatre heures; vous comprenez, si je devais repartir pour un an à chaque fois, je n'en finirais pas... !"

-"C'est régulier..." fis-je, tout sourire. "Mais... à qui allez-vous réclamer l'âme que vous promet le pacte que vous avez en mains ?

Le Diable étonné, et aussi un peu inquiet de mon assurance, se pencha sur le parchemin pour décrypter la signature:

-Mais... à vous, Monsieur... Michel Dewolff ! Dans vingt-quatre heures,très exactement."

Ce fut à moi de jouer les candides avec délectation:

-"Ah mais pardon... Moi, je m'appelle Michèle-Anne Roncières, tous mes papiers le prouvent; je n'ai jamais entendu parler de ce Monsieur Dewolff.Et toi, Marion ?"

-"Moi non plus !", dit Marion, émerveillée, et qui commençait à comprendre."Jamais !"

-"Mais... Monsieur Dewolff, c'est vous ! C'est moi qui vous ai transformé,à l'instant ! "

-"Ca, mon cher Diable, il va falloir le prouver ! ", rétorquai-je, en bonne avocate.

Il devint tout rouge et éclata:

-"Ca ne se passera pas comme ça ! Je vais vous poursuivre ! Nous ne manquons pas d'avocats en enfer ! Les avocats du Diable, vous en avez entendu parler ?"

-"Soyez raisonnable, voyons: L'Etat-Civil est contre vous, vous ne pouvez plus rien faire. Et puis, pour le moment, tout cela reste entre nous, tandis que si vous m'attaquez... votre patron sera forcément au courant de votre boulette... Est-ce cela que vous voulez ? "

Je ne connais pas de spectacle plus touchant que celui d'un Diable totalement désorienté et réduit à l'impuissance par la force de ses propres sortilèges. Réalisant qu'il avait été joué, celui-là se contenta finalement de trépigner des pieds en réduisant le parchemin en miettes.

-"La peste soit des femmes et... et des avocates !" s'écria-t'il, vraiment furieux, avant de disparaître dans les flammes les plus terribles qu'il m'ait été donné de voir.

Voilà: maintenant, vous savez tout... Juste un conseil, s'il y a parmi vous des filles qui soient tentées de faire appel aux services du Diable: il est à craindre que depuis, ce dernier se montre singulièrement prudent et tâtillon dans l'établissement de ses contrats, et je ne saurais trop leur recommander de bien réfléchir avant de s'engager dans une voie aussi périlleuse... Ou alors, qu'elles prennent une bonne avocate !

Michèle Anne Roncières, auteur et propriétaire de ce texte, s'en réserve, sauf accord express de sa part, tous les droits pour tous les pays et notamment en ce qui concerne les modifications ou la réécriture, totale ou partielle, ainsi que pour toutes les formes de diffusion et d'exploitation

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